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la beauté que je possède. J’ai placé le prince des poètes à côté de Platon, le prince des philosophes, et je m’enorgueillis à les contempler. J’avais déjà tout ce qui a été traduit en latin de leurs écrits immortels ; mais sans en tirer du profit, j’éprouve de la satisfaction à les voir, ces Grecs respectables, dans leur véritable costume national. La vue d’Homère m’enchante ; et quand je tiens dans mes mains ce silencieux volume, je m’écrie avec un soupir : Poète illustre, avec quelle joie j’écouterais tes chants, si la mort d’un ami et la douloureuse absence d’un autre n’ôtaient pas à mon ouïe toute sa sensibilité ! Mais l’exemple de Caton m’encourage, et je ne désespère pas encore, puisqu’il ne parvint que sur la fin de sa vie à la connaissance des lettres grecques,[1] »

De Boccace. A. D. 1360., etc.

La science à laquelle Pétrarque tâchait en vain d’atteindre, ne résista point aux efforts de son ami Boccace, le père de la prose toscane[2]. Cet écrivain

  1. Je transcrirai un passage de cette lettre de Pétrarque (Famil. IX, 2) : Donasti Homerum non in alienum sermonem violento alveo derivatum, sed ex ipsis Græci eloquii scatebris, et qualis divino illi profluxit ingenio…. Sine tuâ voce Homerus tuus apud me mutus, immo vero ego apud illum surdus sum. Gaudeo tamem vel adspectâ solo, ac sæpe illum amplexus atque suspirans dico : O magne vir, etc.
  2. Pour la vie et les écrits de Boccace, né en 1313, et mort en 1375, le lecteur peut consulter Fabricius (Bibl. lat. medii ævi, t. I, p. 248, etc.) et Tiraboschi (t. V, p. 83, 439-451). Les éditions, les traductions et les imitations de ses Nouvelles ou Contes, sont innombrables. Il avait honte cependant de communiquer cet ouvrage frivole et peut-être