Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/486

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avaient dégénéré de la science et même de la pratique de leurs ancêtres. Le bon sens de la génération suivante proscrivit dans les écoles la prononciation vicieuse[1] qu’ils y avaient introduite. Ils ne connaissaient point la valeur des accens grecs ; et ces notes musicales qui, prononcées par une langue attique, renfermaient pour une oreille attique le secret de l’harmonie, n’étaient à leurs yeux, comme aux nôtres, que des marques muettes et insignifiantes, inutiles en prose et gênantes dans la poésie. Ils possédaient les véritables principes de la grammaire ; les précieux fragmens d’Apollonius et d’Hérodien furent fondus dans leurs leçons, et leurs traités de la syntaxe et des étymologies, quoique dépourvus

  1. Emmanuel Chrysoloras et ses collègues ont été accusés d’ignorance, d’envie et d’avarice (Sylloge, etc., t. II, p. 235). Les Grecs modernes prononcent le β comme le ν consonne, et confondent les trois voyelles η ι ν et plusieurs diphthongues. Telle était la prononciation commune que le sévère Gdiner maintint dans l’université de Cambridge, par des lois pénales ; mais le monosyllabe βη représentait à une oreille attique le bêlement d’une brebis ; et un bélier aurait été à cet égard un meilleur témoignage qu’un évêque ou un chancelier. On trouvera les traités des savans qui rectifièrent la prononciation, et particulièrement d’Érasme, dans le Sylloge d’Havercamp (deux volumes in-8o, Lugd. Bat., 1736-1740). Mais il est difficile de peindre des sons par des mots ; et en renvoyant à l’usage moderne, ils ne peuvent se faire entendre que de leurs compatriotes respectifs. Nous observerons qu’Érasme a donné son approbation à notre prononciation du θ, th. (Érasme, tom, II, p. 130.)