Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/58

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ture. Les sergens[1] et les archers imitèrent leur exemple ; les écuyers baissèrent les ponts des palandres et débarquèrent les chevaux. À peine les chevaliers en selle commençaient à former leurs escadrons et à baisser leurs lances, que les soixante-dix mille Grecs disparurent. Le timide Alexis donna l’exemple à ses soldats, et ne laissa d’autres traces de sa présence qu’un riche pavillon, dont le pillage apprit aux Latins qu’ils avaient combattu contre un empereur. On résolut de profiter de la première terreur de l’ennemi pour forcer, par une double attaque, l’entrée du port. Les Français emportèrent d’assaut la tour de Galata[2], située dans le faubourg de Péra, tandis que les Vénitiens entreprenaient la tâche plus difficile de rompre la barre ou chaîne tendue de cette tour au rivage de Byzance. Après quelques efforts inutiles, ils en vinrent à bout par leur intrépide persévérance : vingt vaisseaux de guerre, restes de la

  1. Pour éviter l’expression vague de suite ou suivans, etc., je me sers, d’après Villehardouin, du nom de sergens, pour indiquer tous les cavaliers qui n’étaient point chevaliers. Il y avait des sergens d’armes et des sergens de lois, et on peut, à la parade et dans la salle de Westminster, observer l’étrange résultat de cette distinction. (Ducange, Gloss. lat. Servientes, etc., t. VI, p. 226-231.)
  2. Il est inutile d’observer qu’au sujet de Galata, de la chaîne, etc., le récit de Ducange est complet et circonstancié. Consultez aussi les chapitres particuliers du C. P. Christiana du même auteur. Les habitans de Galata étaient si vains et si ignorans, qu’ils s’appliquèrent l’Épître de saint Paul aux Galatiens.