Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/153

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capricieuse, seraient aussi ennuyeux que dégoûtans à raconter ; je me bornerai à quelques événemens du douzième siècle, qui peignent la situation des papes et celle de la ville de Rome. [Pascal II. A. D. 1099-1118.]Au moment où Pascal II officiait, le jeudi de la semaine sainte, il fut interrompu par les cris de la multitude : elle demandait d’un ton impérieux la confirmation d’un magistrat qu’elle favorisait. Le silence du pontife accrut la fureur de la populace ; et ayant refusé de se mêler des affaires de la terre, lorsqu’il s’occupait de celles du ciel, on lui déclara avec des menaces et des sermens qu’il serait la cause et le témoin de la ruine publique. Le jour de Pâques, se rendant avec son clergé, en procession et pieds nus, aux tombeaux des martyrs, il fut attaqué deux fois sur le pont Saint-Ange et devant le Capitole, d’une grêle de pierres et de dards. On rasa les maisons des adhérens : Pascal se sauva avec peine ; et après avoir couru bien des dangers, il leva une armée dans le patrimoine de saint Pierre ; la guerre civile empoisonna ses derniers jours du sentiment des maux dont il fut la cause ou la victime. [Gélase II. A. D. 1118-1119.]Les scènes qui suivirent l’élection de Gélase II, son successeur, furent encore plus scandaleuses sous les points de vue civils et religieux. Cencio Frangipani[1],

  1. Je ne puis m’empêcher de transcrire cet énergique passage de Pandolphe de Pise (p. 384) : Hoc audiens inimicus pacis atque turbator jam fatus Centius Frajapane, more draconis immanissimi sibilans, et ab imis pectoribus trahens longa suspiria, accinctus retro gladio sine morâ concurrit, valvas ac fores confregit. Ecclesiam furibundus introiit, inde