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d’Éphèse, le défenseur de son pays ; les souffrances de ce saint confesseur furent payées par un tribut d’applaudissement et d’admiration. Son exemple et ses écrits propagèrent la flamme de la discorde religieuse. Il succomba bientôt sous le poids de l’âge et des infirmités ; mais l’Évangile de Marc n’était pas une loi de miséricorde ; il demanda à son dernier soupir qu’on n’admît point à son convoi les adhérens de Rome, qu’il dispensait de prier pour lui.

Zèle des Russes et des Orientaux.

Le schisme ne se renferma point dans les limites étroites de l’empire grec : tranquilles sous celui des mamelucks, les patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem assemblèrent un nombreux synode, désavouèrent leurs représentans à Ferrare et à Florence, condamnèrent le symbole et le concile des Latins, et menacèrent l’empereur de Constantinople des censures de l’Église d’Orient. Parmi les sectaires de la communion grecque, les Russes étaient les plus puissans, les plus ignorans et les plus superstitieux. Leur primat, le cardinal Isidore, courut rapidement de Florence à Moscou[1], pour réduire sous le joug du pape cette nation indépendante ; mais les

  1. Isidore était métropolitain de Kiow ; mais les Grecs sujets de la Pologne ont transporté ce siége des ruines de Kiow à Lemberg ou Léopold (Herbestein, in Ramusio, t. II, p. 127) ; d’un autre côté, les Russes transportèrent leur obéissance spirituelle à l’archevêque, depuis 1588 patriarche de Moscou. Lévesque (Hist. de Russie, t. III, p. 188-190), extrait d’un manuscrit de Turin, Iter et labores archiepiscopi Arsenii.