Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/173

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limitée, et dans le temps de la liberté de Rome ce fut du sénat et du peuple qu’il reçut ses pouvoirs. [Nombre des membres du sénat, et forme de leur élection.]4o. Après la renaissance du sénat[1], les pères conscrits, si je puis employer cette expression, furent revêtus de la puissance législative et du pouvoir exécutif ; mais leurs vues ne s’étendaient guère au-delà du jour où ils se trouvaient, et ce jour était ordinairement troublé par la violence et le tumulte. Lorsque l’assemblée était complète, elle se composait de cinquante-six sénateurs[2], dont les principaux étaient distingués par le titre de conseillers ; ils étaient nommés par le peuple peut-être chaque année, mais chaque citoyen ne donnait sa voix que pour le choix des électeurs ; ces électeurs étaient au nombre de dix dans chaque quartier ou paroisse, et cette forme présentait ainsi la base la plus solide d’une constitution libre. Les papes qui, dans cet orage, crurent devoir plier pour n’être pas brisés, confirmèrent par un traité l’établissement et les priviléges du sénat ; ils espérèrent que le temps, la paix et la religion rétabliraient leur pouvoir. Les Romains, d’après des motifs d’intérêt public ou d’intérêt privé, faisaient quelquefois un sacrifice momentané de leurs

  1. Voyez Othon de Freysing., Chron. VII, 31 ; De gestis Frederici I, l. I, c. 27.
  2. Un auteur anglais, Roger Hoveden, parle des seuls sénateurs de la famille Capuzzi, etc., quorum temporibus melius regebatur Roma quam nunc (A. D. 1194) est temporibus LVI senatorum (Ducange, Gloss., t. VI, p. 191, senatores).