Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/175

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pouvaient se gouverner eux-mêmes, et ils cherchèrent au dehors un bien qu’ils n’espéraient plus de leurs concitoyens. À la même époque, les mêmes motifs déterminèrent la plupart des républiques d’Italie à une mesure qui, quelque étrange qu’elle puisse paraître, convenait à leur situation, et qui eut les effets les plus salutaires[1]. Elles choisissaient dans une ville étrangère, mais alliée, un magistrat impartial de famille noble et d’un caractère irréprochable, tout à la fois guerrier et homme d’état, et réunissant en sa faveur la voix de la renommée et celle de son pays : elles lui déléguaient, pour un intervalle déterminé, le gouvernement dans la paix et dans la guerre. Le traité entre le gouverneur et la république qui l’appelait, était muni de sermens et de signatures : on réglait avec une précision scrupuleuse leurs devoirs réciproques ainsi que la durée du pouvoir et la quotité du salaire de ce magistrat étranger. Les citoyens juraient de lui obéir comme à leur légitime supérieur ; il jurait de son côté d’unir l’impartialité d’un étranger au zèle d’un patriote. On le nommait podesta[2] ; il choisissait quatre ou six

  1. Muratori (Dissert. 45, t. IV, p. 64-92) a très-bien expliqué cette forme de gouvernement ; et l’Oculus pastoralis, qu’il a donné à la fin, est un traité ou un sermon sur les devoirs de ces magistrats étrangers.
  2. Les auteurs latins, ceux du moins du siècle d’argent, transférèrent le titre de potestas de l’office au magistrat :

    Hujus qui trahitur prætextam sumere mavis.
    An fidenarum gabiorumque esse POTESTAS.

        (JUVEN., Satir. X, 99.)