Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/192

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ple, étaient vagues et sujettes à contestation ; la liberté de l’élection se trouvait anéantie par les émeutes d’une ville qui ne reconnaissait plus de supérieur. À la mort d’un pape, les deux factions procédaient, en différentes églises, à une double élection. Le nombre et le poids des suffrages, l’époque de la cérémonie, le mérite des candidats, se balançaient mutuellement : les membres les plus respectables du clergé étaient divisés ; et les princes étrangers, qui se courbaient devant le trône spirituel, ne pouvaient distinguer la fausse idole de la véritable. Les empereurs produisirent souvent des schismes en voulant opposer à un pontife ennemi un pontife dévoué à leurs intérêts : chacun des compétiteurs essuyait les outrages des adhérens de son rival qui n’étaient pas retenus par la conscience ; ils se voyaient réduits à acheter les partisans, que l’avarice ou l’ambition animait presque toujours. [Droit des cardinaux établi par Alexandre III. A. D. 1179.]Alexandre III établit un ordre de succession paisible et durable[1] ; il abolit les élections tumultueuses du clergé et du peuple, et attribua au seul collége des cardinaux le droit de choisir le pape[2]. L’exercice de cet important pri-

  1. Voyez Mosheim, Institut. Hist. eccles., p. 401-403. Alexandre lui-même avait pensé être la victime d’une élection contestée, et Innocent, dont le mérite était douteux, ne fut reconnu pape que parce que le génie et le savoir de saint Bernard firent pencher la balance en sa faveur. Voyez sa vie et ses écrits.
  2. Thomassin (Discipl. de l’Église. t. I, p. 1252-1287) a très-bien discuté ce qui a rapport à l’origine, aux titres,