Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/195

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peu à peu sur quelques articles d’une rigueur incommode et superflue ; mais la clôture est demeurée entière : des raisons de santé et le besoin de la liberté excitent toujours les cardinaux à hâter le moment de leur délivrance ; et l’introduction du scrutin a couvert les intrigues du conclave[1] du voile brillant de la charité et de la politesse[2]. Les Romains furent ainsi dépouillés de l’élection de leur prince et de leur évêque ; et au milieu de l’effervescence de la liberté qu’ils croyaient avoir reconquise, ils se montrèrent insensibles à la perte de cet inestimable privilége. [A. D. 1328.]L’empereur Louis de Bavière, qui suivit les traces d’Othon-le-Grand, voulut le leur rendre. Après quelques négociations avec les magistrats, il fit as-

  1. Le génie du cardinal de Retz avait droit de peindre le conclave de 1655, auquel il assista (Mém., t. IV, p. 15-57). Mais j’ignore le cas qu’il faut faire des lumières et de la véracité d’un anonyme italien, dont l’histoire (Conclavi pontifici romani, in-4o, 1667) a été continuée depuis le règne d’Alexandre VII. La forme accidentelle de l’ouvrage donne aux ambitieux une leçon qui ne les découragera pas. On arrive à travers un labyrinthe d’intrigues à la cérémonie de l’adoration ; et la page suivante commence par les funérailles de l’heureux candidat.
  2. Les expressions du cardinal de Retz sont positives et pittoresques. « On y vécut toujours avec le même respect et la même civilité que l’on observe dans le cabinet des rois ; avec la même politesse qu’on avait dans la cour de Henri III ; avec la même familiarité que l’on voit dans les colléges ; avec la même modestie qui se remarque dans les noviciats, et avec la même charité, du moins en apparence, qui pourrait être entre des frères parfaitement unis. »