Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jetterait par les fenêtres du Capitole le fou qui l’avait chargé d’une si belle commission. La grande cloche sonna aussitôt l’alarme ; le soulèvement fut si rapide et le danger devint si pressant, qu’Étienne Colonne gagna avec précipitation le faubourg Saint-Laurent, d’où, après un moment de repos, il continua de s’éloigner avec la même diligence, jusqu’à ce qu’il se trouvât en sûreté dans son château de Palestrine, regrettant son imprudence de n’avoir pas étouffé la première étincelle de ce redoutable incendie. On publia au Capitole un ordre général et péremptoire, qui enjoignait à tous les nobles de se retirer paisiblement dans leurs domaines : ils obéirent, et leur départ assura la tranquillité de Rome, qui ne renferma plus que des citoyens libres et obéissans.

Rienzi se revêt du titre et des fonctions de tribun.

Mais une soumission volontaire disparaît avec les premiers transports de l’enthousiasme. Rienzi reconnut l’importance de justifier son usurpation par des formes régulières et un titre légal. S’il l’eût voulu, le peuple reconnaissant et enivré de l’exercice du pouvoir, aurait accumulé sur sa tête les titres de sénateur et de consul, de roi et d’empereur : il préféra l’antique et modeste nom de tribun ; la protection des communes formait l’essence de ce titre sacré, et le peuple ignorait que le tribunat n’avait jamais donné de part à la puissance législative ou au pouvoir exécutif de la république. [Lois du bon état.]Ce fut sous ce nom de tribun que Rienzi publia, de l’aveu des Romains, les règlemens les plus salutaires pour le rétablissement et le maintien du bon état. Conformément aux