Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/250

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distingués du clergé de Rome placèrent l’une après l’autre, sur sa tête, sept couronnes de différentes feuilles ou de différens métaux ; elle représentait les sept dons du Saint-Esprit, et c’était ainsi qu’il prétendait toujours suivre l’exemple des anciens tribuns : des spectacles si extraordinaires trompaient ou flattaient le peuple, qui satisfaisait sa vanité par celle de son chef. Mais dans sa vie privée, il s’écarta bientôt des lois de la frugalité et de l’abstinence ; et les plébéiens qui se laissaient imposer par le faste des nobles, furent blessés du luxe de leur égal. Sa femme, son fils, son oncle, barbier de profession, tenaient, avec des manières ignobles, des maisons de princes ; et sans prendre la majesté des rois, Rienzi en acquit tous les vices,

Les nobles romains sont pleins de frayeur et de haine.

Un simple citoyen a décrit ainsi avec compassion, peut-être avec plaisir, l’humiliation des barons de Rome : « Ils paraissaient devant le tribun, tête nue, les mains croisées sur la poitrine, et le regard baissé ; et ils tremblaient ! bon Dieu, comme ils tremblaient[1] ! » Tant que Rienzi n’imposa d’autre joug que celui de la justice, tant que ses lois parurent être celles du peuple romain, leur conscience les forçait d’estimer l’homme qu’ils détestaient par orgueil et par intérêt : les extravagances du tribun ajoutèrent le mépris à la haine, et ils eurent l’espoir

  1. Puoi se faceva stare denante a se, mentre sedeva, li baroni tutti in piedi ritti co le vraccia piegate, e co le capucci tratti. Deh como stavano paurosi (Hist. rom., l. II, c. 20, p. 439) ! Il les a vus et il nous les fait voir.