Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/259

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dinaux d’un pouvoir dictatorial. Rome fut agitée de nouveau par les querelles sanglantes des barons, qui se détestaient les uns les autres et qui méprisaient les communes. Leurs forteresses à la ville et à la campagne se relevèrent et furent de nouveau démolies, et les paisibles citoyens, semblables à un troupeau de moutons, furent, dit l’historien florentin, dévorés par ces loups ravisseurs. Mais lorsque l’orgueil et l’avarice des nobles eurent enfin épuisé la patience des Romains, une confrérie de la Vierge Marie protégea ou vengea la république. La cloche du Capitole sonna le tocsin ; les nobles, en armes, tremblèrent devant une multitude désarmée ; Colonne, l’un des sénateurs, se sauva par une fenêtre du palais, et Ursini fut lapidé au pied de l’autel. Deux plébéiens, Cerroni et Baroncelli, occupèrent successivement le dangereux office de tribun. La douceur de Cerroni le rendait peu propre à soutenir le poids dont il était chargé : après quelques faibles efforts, il se retira avec une réputation pure et une fortune honnête pour jouir le reste de sa vie des douceurs de la campagne. Baroncelli, dénué d’éloquence ou de génie, se distingua par sa fermeté : il parlait comme un patriote, et marchait sur les pas des tyrans. Son soupçon était un arrêt de mort, et la mort fut la récompense de ses cruautés. Au milieu des malheurs publics, on oublia les fautes de Rienzi, et les Romains regrettèrent la paix et la prospérité du bon état[1].

  1. Matthieu Villani (l. II, c. 47 ; l. III, c. 33, 57, 78) et