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leur compatriote. [Concile de Constance. A. D. 1414-1418.]Le concile de Constance réforma les décrets inconsidérés du concile de Pise. L’empereur Sigismond y joua un grand rôle en qualité d’avocat ou de protecteur de l’Église catholique ; et ce concile, par le nombre et l’importance des membres de l’ordre civil et de l’ordre ecclésiastique qui y assistèrent, sembla former les états-généraux de l’Europe. Des trois compétiteurs, Jean XXIII fut la première victime : il prit la fuite, mais on le ramena captif : on supprima les accusations les plus scandaleuses, le vicaire de Jésus-Christ ne fut accusé que de piraterie, de meurtre, de viol, de sodomie et d’inceste, et après avoir souscrit à sa condamnation, il expia dans une prison l’imprudence de s’être fié de sa sûreté sur une ville libre au-delà des Alpes. Grégoire XII, dont la juridiction se trouvait bornée à l’enceinte de Rimini, descendit plus honorablement du trône ; la session où il renonça au titre et à l’autorité de légitime pape, fut convoquée par son ambassadeur. Pour vaincre l’obstination de Benoît XIII et de ceux qui le soutenaient, l’empereur fit le voyage de Constance à Perpignan. Les rois de Castille, d’Aragon, de Navarre et d’Écosse, obtinrent un honorable traité ; Benoît fut déposé par le concile, de l’aveu des Espagnols : mais on laissa ce vieillard dont on n’avait rien à craindre, excommunier deux fois par jour, de son château solitaire, les royaumes rebelles qui avaient abandonné sa cause. Après avoir extirpé les restes du schisme, le concile de Constance procéda avec lenteur et avec circonspec-