Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

puissance de ce prince ne pouvaient justifier un tel effroi. [Frédéric III, dernier empereur d’Allemagne couronné à Rome. A. D. 1452, mars 18.]Après avoir rassemblé dans la métropole ses forces militaires, après avoir pourvu autant qu’il le put à sa sûreté par des sermons et des traités[1], Nicolas reçut d’un air satisfait le fidèle avocat et vassal de l’Église romaine. On était alors si disposé à la soumission, Frédéric III était si faible, que rien ne troubla la pompe de son couronnement ; mais cette vaine cérémonie était si humiliante pour une nation indépendante, que ses successeurs se sont dispensés du fatigant voyage de Rome, et que le choix des électeurs d’Allemagne leur a paru un titre suffisant.

Statuts et gouvernement de Rome.

Un citoyen a remarqué avec satisfaction et avec orgueil, que le roi des Romains, après avoir salué légèrement les cardinaux et les prélats qui allèrent à sa rencontre, distingua le sénateur de Rome et son habit de cérémonie, et que dans ce dernier adieu, le fantôme de l’empire et celui de la république s’embrassèrent d’une manière amicale[2]. Se-

  1. Le serment de fidélité que le pape imposait à l’empereur, a été inséré et consacré dans les Clémentines (l. II, tit. 9), et Æneas Sylvius, qui attaqua la nouvelle prétention du pontife, ne prévoyait pas que peu d’années après il monterait sur le trône de saint Pierre, et qu’alors il adopterait les maximes de Boniface VIII.
  2. Lo senatore di Roma, vestito di brocarto con quella beretta, con quelle moniche, e ornamenti di pelle, co’ quali va alle feste di Testaccio e Nagone, a pu échapper à l’observation d’Æneas Sylvius ; mais le citoyen de Rome en parle