Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/289

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contenues ; on prenait les voix au scrutin, et on publiait les décrets sous les noms respectables du sénat et du peuple. Il ne serait pas facile d’indiquer une époque où la pratique ait été parfaitement d’accord avec cette théorie ; car les progrès de l’ordre se sont trouvés liés avec la diminution successive de la liberté ; mais l’an 1580, sous le pontificat et de l’aveu de Grégoire XIII[1], les anciens statuts furent rassemblés en un recueil, divisés en trois livres et adaptés au moment où l’on se trouvait. Les Romains suivent encore ce code de lois civiles et criminelles, et si les assemblées populaires ne subsistent plus, un sénateur étranger et trois conservateurs résident toujours au Capitole[2]. Les papes ont adopté la politique des Césars ; et l’évêque de Rome, en exerçant le pouvoir absolu d’un monarque tem-

  1. Statuta almæ urbis Romæ auctoritate S. D. N. Gregorii XIII, Pont. Max. a senatu populoque Rom. reformata et édita Romæ, 1580, in folio. Les vieux statuts tombés en désuétude, et qui ne convenaient plus, étaient réunis en cinq livres qu’on ne publia point, et Lucas Pætus, savant jurisconsulte et antiquaire, fut chargé d’en être le Tribonien : au reste, je regrette l’ancien code avec sa grossière écorce de liberté et de barbarie.
  2. Durant mon séjour à Rome (en 1765, ainsi que durant le séjour que M. Grosseley a fait dans cette même ville, Observ. sur l’Italie, t. II, 361), le sénateur de Rome était M. Bielke, noble Suédois, qui avait embrassé la religion catholique. Les statuts indiquent plutôt qu’ils n’établissent le droit exercé par le pape de nommer le sénateur et les conservateurs.