Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

merveilles de l’antiquité, excitaient déjà la curiosité des anciens[1] ; cent générations ont disparu comme les feuilles de l’automne[2], et après la chute des Pharaons et des Ptolémées, des Césars et des califes, les mêmes pyramides, debout et inébranlables, s’élèvent encore au-dessus des flots du Nil débordé. Un édifice composé de parties diverses et délicates est plus sujet au dépérissement, [Les ouragans et les tremblemens de terre.]et le travail silencieux du temps peut être accéléré par des ouragans et des tremblemens de terre, des inondations et des incendies. Sans doute l’atmosphère et le sol de Rome ont éprouvé des secousses ; ses tours élevées ont été ébranlées dans leurs fondemens ; mais il ne paraît pas que les sept collines se trouvent placées sur aucune des grandes cavités du globe, et la ville n’a éprouvé dans aucun siècle ces convulsions de la nature qui, dans les climats où se trouvent situées Antioche, Lisbonne ou Lima, anéantissent en peu de momens les travaux de plusieurs générations. [Les incendies]Le feu est l’agent le plus actif de la vie et de la des-

  1. L’époque de la construction des pyramides est ancienne et inconnue. Diodore de Sicile (t. I, l. I, c. 44, p. 72) ne peut dire si on les éleva mille ou trois mille quatre cents ans avant la dix-huitième olympiade. Sir John Marsham, qui a diminué la longueur des dynasties égyptiennes, fixerait cette époque environ vingt siècles avant Jésus-Christ, Canon. Chronicus (p. 47.)
  2. Voy. la harangue de Glaucus dans l’Iliade (Z. 146). Homère emploie souvent cette image naturelle et mélancolique.