Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/341

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Ignorance et barbarie des Romains.

Lorsque Pétrarque vit pour la première fois ces monumens dont les débris sont si fort au-dessus des plus belles descriptions, il fut étonné de la stupide indifférence[1] des Romains[2] ; il s’aperçut qu’excepté Rienzi et l’un des Colonne, un habitant des rives du Rhône connaissait mieux que les nobles et les citoyens de la métropole les restes de tant de chefs-d’œuvre, et une pareille découverte l’humilia au lieu de l’enorgueillir[3]. Une ancienne description de la ville, composée dans les premières années du treizième siècle, montre bien l’ignorance et la crédulité des Romains : je n’indiquerai pas les erreurs sans nombre de lieux et de noms qu’offre cet ouvrage ; je me bornerai à un passage qui pourra faire naître sur les lèvres du lecteur un sourire de mépris et d’indignation.

  1. Cependant les statuts de Rome (l. III, c. 81, p. 182) soumettent à une amende de cinq cents aurei quiconque démolira un ancien édifice, ne ruinis civitas deformetur, et ut antiqua ædificia decorem urbis perpetuo representent.
  2. Pétrarque à son premier voyage à Rome (A. D. 1337, voyez Mémoires sur Pétrarque, t. I, p. 322, etc.), est frappé miraculo rerum tantarum, et stuporis mole obrutus… Præsentia vero, mirum dictu, nihil imminuit : vere major fuit Roma, majoresque sunt reliquiæ quam rebar. Jam non orbem ab hac urbe domitum, sed tam sero domitum, miror (Opp., p. 605, Familiares 11, 14. Joanni Columnæ).
  3. Il excepte et loue les rares connaissances de Jean Colonne. Qui enim hodie magis ignari rerum romanarum, quam romani cives ! Invitus dico, nusquam minus Roma cognoscitur quam Romæ.