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il accepta leur soumission, afin de n’être détourné par aucun obstacle de l’exécution de son plus grand dessein[1].

Intentions hostiles de Mahomet contre les Grecs. A. D. 1451.

Les casuistes musulmans, et en particulier les casuistes turcs, ont décidé que les fidèles ne pouvaient être liés par une promesse contraire à l’intérêt et aux devoirs de leur religion, et que le sultan pouvait abroger ses propres traités et ceux de ses prédécesseurs. La justice et la magnanimité d’Amurath avaient méprisé ce privilége immoral ; mais l’ambition fit descendre son fils, le plus orgueilleux des hommes, aux artifices les plus bas de la dissimulation et de la perfidie. La paix était sur ses lèvres et la guerre dans son cœur ; il ne songeait qu’à s’emparer de Constantinople, et l’imprudence des Grecs lui fournit le premier prétexte de la fatale rupture[2]. Loin de se

  1. Voyez l’avénement de Mahomet II au trône, dans Ducas (c. 33), Phranza (l. I, c. 33 ; l. III, c. 2), Chalcocondyles (l. VII, p. 199) et Cantemir (p. 96).
  2. Avant de décrire le siége de Constantinople, j’observerai qu’à l’exception d’un petit nombre de mots jetés en passant par Cantemir et Leunclavius, je n’ai pu me procurer sur cet événement aucune relation faite par les Turcs, ni rien de pareil au récit du siége de Rhodes par Soliman Ier (Mém. l’Acad. des inscript., t. XXVI, p. 723-769). Je dois donc m’en rapporter aux Grecs, dont les préjugés se trouvent à quelques égards diminués par leur détresse. Je suivrai principalement Ducas (c. 34-42), Phranza (l. III, c. 7-20), Chalcocondyles (l. VIII, p. 201-214) et Léonard de Chios (Historia C. P. à Turco expugnatæ, Nuremberg, 1544, in-4o, vingt feuilles). Le dernier de ces récits est le