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occidentale. Depuis le neuvième siècle jusqu’au douzième, tandis que le christianisme s’avançait à pas lents dans le septentrion, les Goths et les Suédois formaient, sous la même domination, deux nations différentes, et quelquefois ennemies[1]. Le dernier de ces deux noms a prévalu, sans anéantir le premier. Les Suédois, assez grands par eux-mêmes pour se contenter de leur réputation dans les armes, ont toujours réclamé l’ancienne gloire des Goths. Dans un moment de ressentiment contre la cour de Rome, Charles XII fit entendre que ses troupes victorieuses n’avaient pas dégénéré de leurs braves ancêtres, dont la valeur avait autrefois subjugué la reine du monde[2].

Religion des Goths.

Le célèbre temple d’Upsal subsistait encore à la fin du onzième siècle dans cette ville, la plus considérable de celles des Goths et des Suédois. L’or enlevé par les Scandinaves, dans leurs expéditions maritimes, en faisait le principal ornement ; et la superstition y avait consacré, sous des formes grossières, les trois principales divinités, le dieu de la

  1. Voyez les extraits assez étendus des ouvrages d’Adam de Brème, et de Saxon le Grammairien, qui se trouvent dans les Prolégomènes de Grotius. Adam de Brème écrivait en 1077, et Saxon le Grammairien vers l’année 1200.
  2. Voltaire, Histoire de Charles, XII, l. III. Lorsque les Autrichiens demandaient du secours à Rome contre Gustave-Adolphe, ils ne manquaient jamais de représenter ce conquérant comme le successeur direct d’Alaric. Harte, Hist. de Gustave, vol. II, p. 123.