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une troupe de Barbares à peine armés. Après une grande résistance, Philippopolis, privée de secours, fut emportée d’assaut. On assure que cent mille personnes perdirent la vie dans le sac de cette ville[1]. Plusieurs prisonniers de marque ajoutèrent à l’importance du butin ; et Priscus, frère du dernier empereur Philippe, ne rougit point de prendre la pourpre, sous la protection des plus cruels ennemis de Rome[2]. Cependant la longueur du siége avait donné le temps à Dèce de ranimer le courage, de rétablir la discipline, et d’augmenter le nombre de ses troupes. Il intercepta différens partis de Barbares, qui accouraient de la Germanie pour venir partager la victoire de leurs compatriotes[3]. Des officiers d’une fidélité et d’une valeur éprouvées[4] eurent ordre de garder les passages des montagnes ; les fortifications du Danube furent réparées et mises en état de défense ; enfin le prince employa les plus grands efforts pour s’opposer aux progrès ou à la

  1. Ammien, XXXI, 5.
  2. Aurelius-Victor, c. 29.
  3. Les mots victoriæ carpicæ, qui se trouvent sur quelques médailles de l’empereur Dèce, insinuent ces avantages.
  4. Claude, qui régna depuis avec tant de gloire, gardait les Thermopyles avec deux cents Dardaniens, cent hommes de cavalerie pesante et cent soixante de cavalerie légère, soixante archers crétois, et mille hommes de nouvelles troupes bien armées. Voyez une lettre originale de l’empereur à cet officier, dans l’Hist. Auguste, p. 200.