Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/167

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même les députés, et, s’avançant en ordre de bataille jusqu’au pied du rempart des Romains, il insista pour avoir une conférence personnelle avec leur monarque. Valérien fut réduit à la nécessité de commettre sa dignité et sa vie à la foi du vainqueur. L’entrevue se termina comme on devait naturellement s’y attendre : l’empereur fut mis aux fers, et les troupes consternées déposèrent leurs armes[1]. Dans ce moment de triomphe, l’orgueil et la politique engagèrent Sapor à placer sur le trône vacant de Rome un souverain dont il pût entièrement disposer. Un obscur fugitif d’Antioche, Cyriades, livré à toutes sortes de vices, fut choisi pour déshonorer la pourpre romaine. Les troupes captives obéirent aux ordres du superbe Persan, et ratifièrent, par des acclamations forcées, l’élection de leur indigne souverain[2].

Sapor ravage la Syrie, la Cilicie et la Cappadoce.

L’esclave couronné s’empressa de gagner la faveur de son maître, en trahissant son pays natal. Il conduisit Sapor à la capitale de l’Orient : les Perses traversèrent l’Euphrate, prirent le chemin de Chalcis, et leur cavalerie se porta vers Antioche avec une telle rapidité, que, si nous en croyons un historien

  1. Zosime, l. I, p. 33 ; Zonare, l. XII, p. 630 ; Pierre Patrice, excerpta legationum, p. 29.
  2. Hist. Aug., p. 185. Le règne de Cyriades est placé dans cette collection avant la mort de Valérien ; mais j’ai préféré une suite probable d’événemens à la chronologie douteuse d’un écrivain très-peu exact.