Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/174

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il passait son temps dans la débauche ou dans des amusemens frivoles : tantôt il se préparait à être initié aux mystères de la Grèce, tantôt il sollicitait une place à l’aréopage d’Athènes. Sa magnificence prodigue insultait à la misère générale, et la pompe ridicule de ses triomphes aggravait le poids des calamités publiques[1]. On venait perpétuellement lui annoncer des invasions, des défaites et des révoltes ; ces tristes nouvelles n’excitaient en lui qu’un sourire d’indifférence. Choisissant, avec un mépris affecté, quelque production particulière d’une province perdue, il demandait froidement si Rome ne

    née de la Campanie, pour essayer d’y réaliser la république de Platon. Voyez la vie de Plotin, par Porphyre, dans la Bibliothéque grecque de Fabricius, l. IV.

  1. Une médaille, qui porte la tête de Gallien, a fort embarrassé les antiquaires, par les mots de la légende, Gallienæ Augustæ, et par ceux qu’on voit sur le revers, Ubique pax. M. Spanheim suppose que cette médaille fut frappée par quelques ennemis de Gallien, et que c’était une satire sévère de la conduite efféminée de ce prince. Mais comme l’ironie paraît indigne de la gravité de la monnaie romaine, M. de Vallemont a tiré d’un passage de Trebellius-Pollion (Hist. Aug., p. 198) une explication ingénieuse et naturelle. Galliena était la cousine-germaine de l’empereur ; en délivrant l’Afrique de l’usurpateur Celsus, elle mérita le titre d’Augusta. On voit sur une médaille de la collection du cabinet du roi, une pareille inscription de Faustina Augusta autour de la tête de Marc-Aurèle. Pour les mots ubique pax, il est facile de les expliquer par la vanité de Gallien, qui aura peut-être saisi quelque calme momentané. (Voy. Nouvelles de la république des lettres, janvier 1700, p. 21-34.)