Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/202

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eût ménagé un prompt secours. Un fort détachement sortant tout à coup des passages secrets et difficiles des montagnes, dont il s’était emparé par son ordre, attaqua subitement les derrières des Goths victorieux. L’activité de Claude mit à profit cet instant favorable. Il ranima le courage de ses troupes, rétablit leurs rangs et pressa l’ennemi de toutes parts. On prétend que dans cette bataille cinquante mille hommes restèrent sur la place. De nombreux corps de Barbares, retranchés derrière leurs chariots, se retirèrent, ou plutôt s’échappèrent à l’abri de cette fortification mobile. 2o. Nous pouvons présumer qu’un obstacle insurmontable, peut-être la fatigue ou la désobéissance des vainqueurs, empêcha Claude d’achever en un jour la destruction des Goths. La guerre se répandit dans les provinces de Mœsie, de Thrace et de Macédoine ; et les opérations de la campagne, tant sur mer que sur terre, se bornèrent à des marches, des surprises et des engagemens fortuits qui ne présentent que des mêlées sans aucune action régulière. Lorsque les Romains souffraient quelque échec, leur lâcheté ou leur imprudence en était le plus souvent la cause ; mais les talens supérieurs de leur souverain, la parfaite connaissance qu’il avait du pays, ses sages mesures, et son discernement dans le choix de ses officiers, assurèrent presque toujours le succès de ses armes. Tant de victoires lui procurèrent un butin immense, qui consistait principalement en troupeaux et en prisonniers. Une troupe choisie de jeunes Barbares fut incorporée dans les