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partenait à Aurélius, riche sénateur. Son fils, passionné pour les armes, entra au service comme simple soldat ; il obtint successivement les grades de centurion, de préfet d’une légion, d’inspecteur du camp, de général ou duc d’une frontière, comme on les appelait alors ; enfin, durant la guerre des Goths, il exerça l’important emploi de commandant en chef de la cavalerie. Dans ces différens postes, il se distingua par une valeur extraordinaire[1], par une discipline rigide et par des exploits éclatans. Il reçut le consulat de l’empereur Valérien qui, selon le langage pompeux du siècle, le désigna par les noms de sauveur de l’Illyrie, de restaurateur de la Gaule et de rival des Scipions. À la recommandation de cet empereur, un sénateur d’un rang et d’un mérite distingués, Ulpius Crinitus, qui tirait son origine de la même source que Trajan, adopta le paysan de Pannonie, lui donna sa fille en mariage, et le fit sortir, par ses richesses, de l’honorable pauvreté où il s’était toujours maintenu[2].

Règne heureux d’Aurélien.

Ce prince ne régna que quatre ans et neuf mois

  1. Théoclius (tel qu’il est cité dans l’Hist. Aug., p. 211) assure que, dans un jour, il tua de sa main quarante-huit Sarmates, et neuf cent cinquante dans plusieurs autres actions. Les soldats, pleins d’admiration pour cette valeur héroïque, la célébrèrent dans leurs chansons grossières, dont le refrain était mille, mille, mille, occidit.
  2. Acholius (ap. Hist. Aug., p. 213) décrit la cérémonie de l’adoption célébrée à Byzance en présence de l’empereur et de ses grands officiers.