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lois de la paix, il les renvoya, en ne leur laissant que le choix de se mettre entièrement à sa discrétion, ou d’attendre les effets terribles de son ressentiment[1]. Aurélien aurait pu céder à la nation des Goths une province éloignée, mais il savait combien il était dangereux de se fier ou de pardonner à des Barbares perfides, dont la puissance formidable tenait l’Italie dans des alarmes continuelles.

Les Allemands envahissent l’Italie.

Il paraît qu’immédiatement après cette conférence, quelque événement imprévu exigea la présence de l’empereur en Pannonie. Il remit à ses généraux le soin de terminer la destruction des Allemands par le fer ou par le moyen plus sûr de la famine. Mais l’activité du désespoir a souvent triomphé de la confiance indolente qu’inspire la certitude du succès. Les Barbares ne pouvant traverser le camp romain et le Danube, forcèrent les postes plus faibles ou moins soigneusement gardés, qui leur fermaient l’entrée des provinces, et ils retournèrent avec une célérité incroyable, mais par une route différente, vers les montagnes d’Italie[2]. Aurélien qui croyait la guerre entièrement finie, apprit avec chagrin que les Allemands s’étaient échappés, et qu’ils ravageaient déjà le territoire de Milan. Les légions eurent ordre de suivre, aussi promptement qu’il était possible à ces corps pesans, la marche ra-

  1. Dexippus leur fait prononcer un discours recherché et prolixe, digne d’un sophiste grec.
  2. Hist. Aug., p. 215.