Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/228

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Zénobie un fils, nommé Hérode ; ce jeune prince, d’un caractère efféminé[1], éprouva le même sort que son père. Mœonius ne retira de son crime que le plaisir de la vengeance ; à peine avait-il pris le titre d’Auguste, que Zénobie l’immola aux mânes de son époux[2].

Et règne dans l’Orient et en Égypte.

Assistée des plus fidèles amis d’Odenat, cette princesse monta sur le trône, qu’elle remplit avec la plus grande habileté : elle gouverna, pendant plus de cinq ans, Palmyre, la Syrie et l’Orient. L’autorité que le sénat avait accordée au vainqueur des Perses, seulement comme une distinction personnelle, expirait avec lui ; mais son illustre veuve méprisait également le sénat et Gallien. Un général romain, qui avait été envoyé contre elle, fut forcé de se retirer en Europe, après avoir perdu son armée et sa réputation[3]. Loin d’être dirigée par ces petits intérêts qui agitent si souvent le règne d’une femme, l’administration ferme de Zénobie avait pour base les plus sages maximes de la politique : s’il fallait pardonner, elle savait étouffer son ressentiment ; était-il nécessaire de punir, elle pouvait imposer silence à la voix de la pitié. Sa grande économie fut

  1. Odenat et Zénobie tiraient souvent des dépouilles de l’ennemi des bijoux et des pierres précieuses, qu’ils lui envoyaient ; et il recevait ces présens avec un plaisir singulier.
  2. On a jeté des soupçons fort injustes sur Zénobie, comme si elle eût été complice de la mort de son mari.
  3. Hist. Aug., p. 180, 181.