Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/233

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syriaque et en latin, la multitude de palmiers qui donnent de la verdure et de l’ombre à ce climat tempéré. Les habitans y respiraient un air pur ; et le sol, arrosé de plusieurs sources inestimables dans un tel climat, produisait des fruits et du blé. Ces avantages particuliers, la situation de cette place à une distance convenable[1] de la Méditerranée et du golfe Persique, la rendirent en peu de temps florissante. Elle fut bientôt fréquentée par les caravanes, qui portaient aux nations de l’Europe une partie considérable des marchandises précieuses de l’Inde. Insensiblement Palmyre devint une ville riche et libre. Placée entre le royaume des Parthes et l’empire romain, elle obtint de ces deux grandes puissances la liberté de conserver une heureuse neutralité, jusqu’à ce qu’enfin, par les victoires de Trajan, l’empire romain engloutit cette petite république. Réduite alors au rang subordonné, quoique honorable de colonie, elle goûta, pendant plus de cent cinquante ans, les douceurs de la paix. Si l’on en croit le petit nombre d’inscriptions que le temps a épargnées, ce fut durant cette heureuse période que les Palmyréniens opulens élevèrent, sur les modèles de l’architecture grecque, ces temples, ces portiques, ces palais, dont les ruines couvrent encore une sur-

  1. Cette ville était à cinq cent trente-sept milles de Séleucie, et à deux cent trois de la côte la moins éloignée de la Syrie, selon le calcul de Pline, qui donne en peu de mots une excellente description de Palmyre. (Hist. nat., V. 21.)