Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pidement et se guérit avec peine ; si nous nous rappelons que les années de désordres publics surpassèrent en nombre les mois du règne guerrier d’Aurélien, nous ne pourrons nous persuader que, dans quelques intervalles d’une paix souvent interrompue, il ait été possible à cet empereur d’exécuter un plan si difficile de réforme. Ses efforts même pour rétablir la pureté de la monnaie excitèrent un soulèvement dangereux. Ce prince se plaint de ces troubles dans une lettre particulière. « Sûrement, dit-il, les dieux, m’ont destiné à vivre dans un état de guerre perpétuel. Une sédition vient d’allumer la guerre civile au milieu de la capitale. Les ouvriers de la monnaie se sont révoltés à l’instigation de Félicissimus, esclave auquel j’avais donné un emploi dans les finances. La sédition est éteinte ; mais elle m’a coûté sept mille soldats, l’élite de ces troupes qui campent dans la Dacie et sur les bords du Danube[1]. » D’autres écrivains, qui parlent du même événement, le placent fort peu de temps après le triomphe de l’empereur ; ils ajoutent que le combat décisif fut livré sur le mont Célien ; que les ouvriers avaient altéré la monnaie ; et que, pour rétablir le crédit public, Aurélien donna de bonnes espèces en échange pour de mauvaises, que le peuple eut ordre de rapporter au trésor[2].

  1. Hist. Aug., p. 222. Aurélien appelle ses soldats Hiberi Riparienses, Castriani et Dacisci.
  2. Zosime, l. I, p. 56 ; Eutrope, IX, 14 ; Aurel.-Victor.