voit que, dans l’excès de leur joie, ils avaient conçu les espérances les plus magnifiques. « Sortez de votre indolence, c’est ainsi que s’exprime l’un d’entre eux en écrivant à son ami ; arrachez-vous de votre retraite de Bayes et de Pouzzole. Livrez-vous à la ville, au sénat. Rome fleurit, la république entière fleurit. Rendons mille actions de grâce à l’armée romaine, à une armée véritablement romaine. Notre juste autorité, cet objet de tous nos désirs, est enfin rétablie. Nous recevons les appels, nous nommons les proconsuls, nous créons les empereurs. Ne pouvons-nous pas aussi mettre des bornes à leur puissance ?… À un homme sage un mot suffit[1]. » Ces images brillantes disparurent bientôt. Il n’était réellement pas possible que les armées et les provinces consentissent à obéir long-temps à des nobles plongés dans la mollesse, et dont les bras ne connaissaient plus l’usage des armes. À la première atteinte on vit s’écrouler tout cet édifice d’une puissance et d’un orgueil sans fondement. L’autorité expirante du sénat répandit une lueur subite, brilla pour un moment, et fut éteinte à jamais.
Tacite est reconnu par l’armée. A. D. 276.
Tout ce qui se passait à Rome n’était qu’une vaine représentation de théâtre. Il fallait que les décisions d’une faible assemblée fussent ratifiées par la force plus réelle des légions. Tandis que les sénateurs se
- ↑ Vopiscus, Hist. Aug., p. 230, 232, 233. Les sénateurs célébrèrent cet heureux rétablissement par des hécatombes et par des réjouissances publiques.