Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/280

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l’empereur Probus substitua une muraille de pierres, d’une grande hauteur, fortifiée par des tours placées à des distances convenables. Elle commençait dans le voisinage de Neustadt et de Ratisbonne sur le Danube ; elle s’étendait à travers des collines, des vallées, des rivières et des marais, jusqu’à Wimpfen sur le Necker ; enfin elle se terminait aux bords du Rhin, après un circuit de deux cents milles environ[1]. Cette barrière importante unissant ainsi les deux grands fleuves qui défendaient les provinces de l’Europe, il paraît qu’elle remplissait l’espace vide par lequel les Barbares, et surtout les Allemands, pouvaient pénétrer avec le plus de facilité dans le centre de l’empire. Mais l’expérience de l’univers, depuis la Chine jusque dans la Bretagne, prouve combien il est inutile de fortifier une grande étendue de pays[2]. Un ennemi actif, libre de varier l’attaque et de choisir le moment favorable, doit enfin découvrir quelque endroit faible ou profiter d’un instant de négligence.

  1. Voyez les notes de l’abbé de La Bléterie à la Germanie de Tacite, p. 183. Ce qu’il dit de la muraille est principalement tiré (comme il écrit lui-même) de l’ouvrage de M. Schœpflin, intitulé Alsatia illustrata.
  2. Voyez les Recherches sur les Égyptiens et les Chinois, tome II, p. 81-102. L’auteur anonyme de cet ouvrage connaît très-bien le globe en général, et l’Allemagne en particulier. À l’égard de ce pays, il cite un ouvrage de M. Hanselman ; mais il paraît confondre la muraille de Probus, bâtie contre les Allemands, avec la fortification des Mattiaces, construite dans le voisinage de Francfort, contre les Cattes.