Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/320

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encore une fois cette masse énorme de pouvoir, et de donner, avec le titre inférieur de César, une portion égale d’autorité souveraine à deux généraux d’un mérite reconnu[1]. Son choix tomba sur Galère, dont le nom d’Armentarius rappelait l’état de pâtre qu’il avait d’abord exercé, et sur Constance, nommé Chlore[2], par allusion à la pâleur de son teint. Tout ce que nous avons dit de la patrie, de l’extraction et des mœurs d’Herculius, s’applique exactement à Galère, qui fut souvent, et avec raison, appelé Maximien le jeune, quoique dans plusieurs occasions il ait montré plus de talens et de vertus que le prince de ce nom. L’origine de Constance était moins obscure que celle de ses collègues. Eutrope, son père, tenait un rang considérable parmi les nobles de Dardanie, et sa mère était nièce de l’empereur Claude[3]. Quoique Constance eût passé sa jeunesse dans les armées, son caractère était doux et aimable. Depuis long-temps la voix du peuple le jugeait digne du rang qu’il avait enfin obtenu. Pour resserrer les liens de la politique par

  1. Aurel.-Victor ; Victor, in Epit. ; Eutrope, IX, 22 ; Lactance, De mort. persec., c. 8 ; saint Jérôme, in Chron.
  2. C’est seulement parmi les Grecs modernes que M. de Tillemont a découvert ce surnom de Chlore : le moindre degré remarquable de pâleur semble ne pouvoir s’allier avec la rougeur dont il est question dans les Panégyriques, V, 19.
  3. Julien, petit-fils de Constance, se glorifie de tirer son origine des belliqueux Mœsiens. (Misopogon, p. 348.) Les Dardaniens habitaient sur la lisière de la Mœsie.