Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/355

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adouci, Galère insinua que la pratique des Romains n’avait jamais été de fouler aux pieds un ennemi vaincu ; que dans la circonstance présente, ils consulteraient plutôt ce qu’ils devaient à leur dignité que ce que méritait la conduite des Perses. En congédiant Apharban, il lui fit espérer que Narsès apprendrait bientôt à quelles conditions il obtiendrait de la clémence des empereurs une paix durable et la liberté de sa famille. On peut apercevoir dans cette conférence les passions violentes de Galère, en même temps que sa déférence pour l’autorité et pour la sagesse supérieure de Dioclétien. Le premier de ces princes aspirait à la conquête de l’Orient ; il avait même proposé de réduire la Perse en province ; [Modération de Dioclétien.]l’autre, plus prudent, qui avait adopté la politique modérée d’Auguste et des Antonins, saisit l’occasion favorable de terminer une guerre heureuse par une paix honorable et utile[1].

Conclusion.

Pour remplir leur promesse, les empereurs envoyèrent à la cour de Narsès Sicorius-Probus, un de leurs secrétaires, qui lui communiqua leur dernière résolution. Comme ministre de paix, il fut reçu avec la plus grande politesse et avec les marques de la plus sincère amitié ; mais sous prétexte de lui accorder un repos nécessaire après un si long voyage, on

  1. Adeo Victor, dit Aurelius, ut ni Valerius, cujus nutu omnia gerebantur, abnuisset, Romani fasces in provinciam novam ferrentur. Verum pars terrarum tamen nobis utilior quæsita.