Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/369

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sement tomber dans l’oubli l’assemblée auguste qui, pendant si long-temps, avait d’abord été la source et ensuite l’instrument du pouvoir. Le sénat, n’ayant plus de liaison avec la nouvelle constitution ni avec la cour impériale, resta sur le mont Capitolin comme un monument vénérable, mais inutile, d’antiquité.

Magistratures civiles négligées.

Lorsque les souverains de Rome eurent perdu de vue le sénat et leur ancienne capitale, ils oublièrent aisément l’origine et la nature du pouvoir qui leur était confié. Les emplois civils de consuls, de proconsul, de censeur et de tribun, dont la réunion avait formé l’autorité des princes, rappelaient encore au peuple une origine républicaine. Ces titres modestes disparurent[1] ; et si le souverain se fit toujours appeler empereur ou imperator, ce mot fut pris dans un sens nouveau et plus relevé. Au lieu de signifier le général des armées romaines, il désigna le maître de l’univers. [Dignité et titre de l’empereur.]Au nom d’empereur, dont l’origine tenait aux institutions militaires, on en joignit un autre qui marquait davantage l’esprit de servitude. La dénomination de seigneur ou dominus exprimait originairement, non l’autorité d’un prince sur ses sujets, ou celle d’un commandant sur ses soldats, mais le pouvoir arbitraire d’un maître sur des

  1. Voyez la XIIe dissertation dans l’excellent ouvrage de Spanheim, De usu num. À l’aide des médailles, des inscriptions et des historiens, il examine chaque titre séparément, et il le suit depuis Auguste jusqu’au moment où il disparaît.