Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/373

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avaient reproché l’usage à Caligula comme l’acte de la plus insigne folie. Le diadème était un large bandeau blanc et brodé de perles, qui entourait la tête de l’empereur. Dioclétien et ses successeurs portèrent de superbes robes d’or et de soie, et l’on ne vit qu’avec indignation leurs souliers même couverts de pierres précieuses. De nouvelles formes et de nouvelles cérémonies rendaient tous les jours plus difficile l’abord de leurs personnes sacrées. Les avenues du palais étaient sévèrement gardées par des officiers de différentes écoles (ainsi qu’on commençait à les nommer alors). Les appartemens intérieurs étaient confiés à la vigilance des eunuques dont le nombre et l’influence, augmentant sans cesse, marquaient visiblement les progrès du despotisme. Lorsqu’un sujet obtenait enfin la permission de paraître en présence de l’empereur, il était obligé, quel que fût son rang, de se prosterner contre terre et d’adorer, selon la coutume des Orientaux, la divinité de son seigneur et maître[1]. Dioclétien avait l’esprit éclairé avant de monter sur le trône. Dans le cours d’un long règne ce prince avait appris à se connaître, et il avait apprécié les hommes. Il est difficile de croire qu’en substituant les manières de la Perse à celles de Rome, il ait été dirigé par un motif aussi bas que la vanité. Il

  1. Aurel.-Victor ; Eutrope, IX, 26. Il paraît, d’après les panégyristes, que les Romains s’accoutumèrent bientôt au nom et à la cérémonie de l’adoration.