Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/377

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l’empire il serait aisé de former une suite de clameurs et de plaintes ; chaque écrivain, suivant sa religion ou sa situation, choisit Dioclétien, Constantin, Valens ou Théodose pour l’objet de ses invectives. Mais ils s’accordent tous à représenter le fardeau des impositions publiques, principalement de la capitation et de la taxe sur les terres, comme une calamité intolérable et toujours croissante, particulière au temps où ils vivent. D’après cette conformité, un historien impartial, obligé de tirer la vérité de la satire aussi-bien que du panégyrique, sera disposé à distribuer le blâme entre tous ces princes ; il attribuera leurs exactions bien moins à leurs vices personnels qu’au système uniforme de leur gouvernement. À la vérité, Dioclétien est l’auteur de ce système ; mais pendant son règne, le mal naissant fut contenu dans les bornes de la discrétion et de la modération ; et il mérite le reproche d’avoir donné un exemple pernicieux plutôt que celui d’avoir opprimé ses sujets[1]. On peut ajouter que ses revenus furent administrés avec une prudente économie, et qu’après avoir fourni à toutes les dépenses courantes, il restait toujours dans le trésor impérial des sommes considérables pour satisfaire à une sage libéralité ou aux besoins imprévus de l’état.

Abdication de Dioclétien et de Maximien.

Ce fut la vingt-unième année de son règne que

  1. Indicta lex nova, quæ sanè illorum temporum modestiâ torelabilis, in perniciem processit. Aurelius-Victor, qui a traité le caractère de Dioclétien en homme de bon sens, quoiqu’en mauvais latin.