Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/400

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furent le théâtre de ses exploits ; et il s’éleva par degrés au rang honorable de tribun de la première classe. Constantin avait la taille haute et l’air majestueux : il était adroit dans tous les exercices du corps, intrépide à la guerre, affable en temps de paix ; dans toutes ses actions, la prudence tempérait le feu de la jeunesse ; et tant que l’ambition occupa son esprit, il se montra froid et insensible à l’attrait du plaisir. La faveur du peuple et des soldats qui le déclaraient digne du rang de César, ne servit qu’à enflammer la jalousie inquiète de Galère ; et quoique ce prince n’osât point employer ouvertement la violence, un monarque absolu manque rarement de moyens pour se venger d’une manière sûre et secrète[1]. Chaque instant augmentait le danger de Constantin et l’inquiétude de son père, qui, par des lettres multipliées, marquait le désir le plus vif d’embrasser son fils. La politique de Galère lui suggéra pendant quelque temps des excuses et des motifs de délai ; mais il ne lui était plus possible de rejeter une demande si naturelle de son associé, sans maintenir son refus par les armes. Enfin, après bien des difficultés, Constantin eut la permission de partir, et sa diligence incroyable déconcerta les

  1. Galère, ou peut-être son propre courage, exposa sa vie dans deux combats qu’il eut à soutenir, l’un contre un Sarmate (Anon., p. 710) et l’autre contre un lion monstrueux. (Voyez Praxagoras, apud Photium, p. 63.) Praxagoras, philosophe athénien, avait écrit une vie de Constantin en deux livres, qui sont maintenant perdus. Il était contemporain de ce prince.