Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/41

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Les annales de l’Asie n’ont jamais présenté de description si pompeuse : à peine même les Orientaux en ont-ils imaginé de semblables dans leurs romans[1]. Malgré ce redoutable appareil, l’ennemi fut entièrement vaincu dans une grande bataille où l’empereur romain développa tout le courage d’un soldat intré-

  1. À la bataille d’Arbelles, Darius avait deux cents chariots armés de faux. Dans l’armée nombreuse de Tigrane, qui fut vaincu par Lucullus, on ne comptait que soixante-dix mille chevaux complètement armés. Antiochus mena cinquante-quatre éléphans contre les Romains. Ce prince, au moyen des guerres et des négociations fréquentes qu’il avait eues avec les souverains de l’Inde, était parvenu à rassembler cent cinquante de ces animaux ; mais on peut douter que le plus puissant monarque de l’Indostan ait formé sur le champ de bataille une ligne de sept cents éléphans. Au lieu de trois ou quatre mille éléphans que le grand Mogol avait, comme on le prétendait, Tavernier (Voyages, part. II, l. I, p. 198) découvrit, après des recherches exactes, que ce prince en avait seulement cinq cents pour son bagage, et quatre-vingts ou quatre-vingt-dix pour le service de la guerre. Les Grecs ont varié sur le nombre de ceux que Porus mena sur le champ de bataille ; mais Quinte-Curce (VIII, 13), qui dans cet endroit est judicieux et modéré, se contente de quatre-vingt-cinq éléphans remarquables par leur force et par leur grandeur. Dans le royaume de Siam, où ces animaux sont les plus nombreux et les plus estimés, dix-huit éléphans paraissent suffisans pour chacune des neuf brigades dont est composée une armée complète. Le nombre entier, qui est de cent soixante-deux éléphans de guerre, peut quelquefois être doublé. (Histoire des voyages, tom. IX, p. 260.)