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ses attaques. La trahison que ce malheureux prince avait éprouvée, le disposait à douter de la sincérité de ses plus fidèles amis. Les émissaires de Maximien persuadèrent facilement Sévère qu’il se tramait un complot pour livrer la ville ; et, dans la crainte qu’il avait de se voir remis à la discrétion d’un vainqueur irrité, ils le déterminèrent à recevoir la promesse d’une capitulation honorable. Il fut traité d’abord avec humanité et avec respect. Maximien mena l’empereur captif à Rome, et lui donna l’assurance la plus solennelle que sa vie était en sûreté, puisqu’il avait abandonné la pourpre. Mais Sévère ne put obtenir qu’une mort douce et les honneurs funèbres réservés aux empereurs. [A. D. 307. Février.]Lorsque la sentence lui fut signifiée, on le laissa maître de la manière de l’exécuter. Il se fit ouvrir les veines à l’exemple des anciens. Dès qu’il eut rendu les derniers soupirs[1], son corps fut porté au tombeau qui avait été construit pour la famille de Gallien.

Maximien donne sa fille Fausta à Constantin, et il lui confère le titre d’Auguste. Ann. 307. 21 mars.

Quoique le caractère de Maxence et celui de Constantin eussent très-peu de rapport l’un avec l’autre, leur situation et leur intérêt étaient les mêmes, et la prudence exigeait qu’ils réunissent leurs forces contre l’ennemi commun. L’infatigable Maximien, quoique d’un rang supérieur, et malgré

  1. Les circonstances de cette guerre et la mort de Sévère sont rapportées très-diversement et d’une manière fort incertaine dans nos anciens fragmens. (Voy. Tillemont, Hist. des empereurs, tom. IV, part. I, p. 555.) J’ai tâché d’en tirer une narration conséquente et vraisemblable.