Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/420

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la vanité des grandeurs et de l’ambition. S’il eût suivi constamment ce dessein, il aurait pu finir ses jours avec moins de dignité, il est vrai, que dans sa première retraite ; cependant, il aurait encore goûté les douceurs d’un repos honorable. La vue du trône qui frappait ses regards lui rappela le poste brillant d’où il était tombé ; et il résolut de tenter, pour régner ou périr, le dernier effort du désespoir. Une incursion des Francs avait obligé Constantin de se rendre sur les bords du Rhin. Il n’avait avec lui qu’une partie de son armée : le reste de ses troupes occupait les provinces méridionales de la Gaule, qui se trouvaient exposées aux entreprises de l’empereur d’Italie, et l’on avait déposé dans la ville d’Arles un trésor considérable. Tout à coup le bruit se répand que Constantin a perdu la vie dans son expédition. Maximien, qui avait inventé cette fausse nouvelle, ou qui y avait ajouté foi trop légèrement, monte sur le trône sans hésiter, s’empare du trésor, et, le dispersant avec sa profusion ordinaire parmi les soldats, il leur remet devant les yeux ses exploits et son ancienne dignité. Il paraît même qu’il s’efforça d’attirer à son parti son fils Maxence ; mais il n’avait point encore pu terminer cette négociation ni affermir son autorité, lorsque la célérité de Constantin renversa toutes ses espérances. Ce prince ne fut pas plutôt informé de l’ingratitude et de la perfidie de son beau-père, qu’il vola avec une diligence incroyable des bords du Rhin à ceux de la Saône. Il s’embarqua à Châlons sur cette dernière rivière. Arrivé à Lyon, il