Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/434

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obligé de chercher d’abord, ensuite de s’ouvrir un chemin à travers des montagnes habitées par des peuples barbares, qui n’avaient jamais accordé le passage à une armée régulière[1]. Les Alpes étaient alors gardées par la nature ; de nos jours l’art les a fortifiées. Des citadelles construites avec autant d’habileté que de peines et de dépenses, commandent toutes les avenues qui conduisent à la plaine, et rendent, du côté de la France, l’Italie presque inaccessible aux ennemis du roi de Sardaigne[2]. Mais avant que l’on eût pris ces précautions, les généraux qui ont voulu tenter le passage, ont rarement éprouvé de la difficulté ou de la résistance. Dans le siècle de Constantin, les paysans des montagnes avaient perdu leur rudesse, et ils étaient devenus des sujets obéissans. Le pays fournissait des vivres en abondance ; et de superbes chemins tracés sur les Alpes, monumens étonnans de la gran-

  1. Les trois principaux passages des Alpes, entre la Gaule et l’Italie, sont ceux du mont Saint-Bernard, du mont Cenis et du mont Genèvre. La tradition et une ressemblance de noms (Alpes Penninæ) avaient fait croire qu’Annibal avait pris dans sa marche le premier de ces passages. (V. Simler, De Alpibus.) Le chevalier Folard (Polybe, tom. IV) et M. d’Anville conduisent le général carthaginois par le mont Genèvre. Mais, malgré l’autorité d’un officier expérimenté et d’un savant géographe, les prétentions du mont Cenis sont soutenues d’une manière spécieuse, pour ne pas dire convaincante, par M. Grosley. (Observations sur l’Italie, tom. I, p. 40, etc.)
  2. La Brunette, près de Suze, Demont, Exiles, Fenestrelles, Coni, etc.