Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/438

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secours inépuisable d’hommes et de vivres. Ce ne fut pas sans peine que Constantin trouva moyen de passer la rivière : après plusieurs tentatives inutiles, il la franchit dans un endroit où le torrent était moins impétueux, à quelque distance au-dessus de la ville. Alors il entoura Vérone de fortes lignes, conduisit ses attaques avec une vigueur mêlée de prudence, et repoussa une sortie désespérée de Pompeianus. Cet intrépide général, lorsqu’il eut mis en usage tous les moyens de défense que lui pouvait offrir la force de la place ou celle de la garnison, s’échappa secrètement de Vérone, moins inquiet de son propre sort que de la sûreté publique. Il rassembla bientôt, avec une diligence incroyable, assez de troupes pour combattre Constantin dans la plaine, ou pour l’attaquer s’il persistait à rester dans ses lignes. L’empereur, attentif aux mouvemens d’un ennemi si redoutable, et informé de son approche, laisse une partie de ses légions pour continuer les opérations du siége ; et, suivi des troupes sur la valeur et sur la fidélité desquelles il comptait le plus, il s’avance en personne au-devant du général de Maxence. L’armée de la Gaule avait d’abord été rangée sur deux lignes égales, selon les principes généraux de la tactique ; mais leur chef expérimenté, voyant que le nombre des Italiens excédait de beaucoup celui de ses soldats, change tout à coup ses dispositions : il diminue sa seconde ligne, et donne à la première une étendue aussi considérable que le front de l’ennemi. De pareilles évolutions, que de vieilles trou-