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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/446

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haute voix un plus grand nombre de victimes, l’empereur sut résister avec force et avec humanité à ces clameurs serviles, dictées par la flatterie aussi-bien que par le ressentiment : les délateurs furent punis et découragés ; ceux qu’une injuste tyrannie avait condamnés à l’exil reparurent dans leur patrie, et leurs biens leur furent rendus ; une amnistie générale tranquillisa l’esprit des habitans, et assura leurs propriétés d’Italie et d’Afrique[1]. La première fois que Constantin honora le sénat de sa présence, il exposa, dans un discours modeste, ses services et ses exploits ; il exprima le respect le plus sincère pour cette illustre assemblée, et lui promit de la rétablir dans sa première dignité et ses anciennes prérogatives. Ces protestations furent payées des vains titres d’honneur dont le sénat pouvait encore disposer : sans prétendre confirmer l’autorité de Constantin, il lui assigna, par un décret solennel, le premier rang entre les trois Augustes qui gouvernaient l’univers romain[2]. On institua des jeux et des fêtes pour perpétuer le souvenir de cette victoire célèbre, et plusieurs édifices élevés aux dépens de Maxence furent dédiés à son heureux rival. L’arc de triomphe de Constantin est encore maintenant une triste preuve

  1. Voyez les deux panégyriques, et, dans le Code Théodosien les lois des années 312 et 313.
  2. Panegyr. vet., IX, 20. Lactance, De mort, persec., c. 44. Maximin, qui était incontestablement le plus ancien des Césars, prétendait, avec quelque apparence de raison, au premier rang parmi les Augustes.