Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/80

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qui engagea quelquefois les Romains à le décorer du titre de roi[1].

Plus absolue sur les propriétés que sur les personnes des Germains.

Pour se représenter tout le système des mœurs des Germains, il suffit de comparer deux branches remarquables de l’autorité de leurs princes. Ces magistrats disposaient entièrement de toutes les terres de leur district, et ils en faisaient chaque année un nouveau partage[2]. D’un autre côté, la loi leur défendait de punir de mort, d’emprisonner, de frapper même un simple citoyen[3]. Des hommes si jaloux de leurs personnes, si peu occupés de leurs propriétés, n’avaient certainement aucune idée des arts ni de l’industrie ; mais ils devaient être animés par un sentiment élevé de l’honneur et de l’indépendance.

Service volontaire.

Les Germains ne connaissaient d’autres devoirs que ceux qu’ils s’étaient eux-mêmes imposés. Le soldat le plus obscur dédaignait de se soumettre à l’autorité du magistrat. Le jeune guerrier de la naissance la plus illustre ne rougissait pas du titre de compagnon. « Chaque prince avait une troupe de gens qui s’attachaient à lui, et qui le servaient. Il y avait entre eux une émulation singulière pour obtenir quelque distinction auprès du prince, et une même émulation entre les princes sur le nombre et la bravoure de leurs compagnons. C’est la dignité,

  1. Cluvier, Germ. ant., l. I, c. 38.
  2. César, VI, 22 ; Tacite, Germ., 26.
  3. Tacite, Germ., 7.