Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’aucune magnificence, ou plutôt ils n’en connaissent d’autre que d’embellir leurs boucliers des plus brillantes couleurs. Il est rare qu’ils aient des cuirasses. On voit à peine un ou deux casques dans toute une armée. Leurs chevaux ne sont remarquables ni par la vitesse, ni par la beauté, ni dressés à tourner en tous sens comme les nôtres[1]. » Plusieurs de leurs nations se rendirent cependant célèbres par leur cavalerie ; mais, en général, la principale force des Germains consistait dans une infanterie[2] redoutable, rangée en différentes colonnes, selon la distinction des tribus et des familles. [Et de discipline.]Trop impétueux pour s’accommoder des délais et pour supporter les fatigues, ces soldats, à peine armés, s’élançaient sur le champ de bataille sans aucun ordre et en poussant des cris terribles. Quelquefois la fougue d’un courage inné renversait la valeur moins libre et moins naturelle des mercenaires romains. Mais comme les Barbares jetaient tout leur feu dès le premier choc, ils ne savaient ni se rallier, ni faire retraite. Un premier échec assurait leur défaite ; une défaite entraînait presque toujours une destruction totale. Lorsque nous nous rappelons l’armure complète des Romains, les exercices, la discipline et les évolutions de leurs troupes, leurs camps fortifiés et leurs machines de

  1. Traduction de l’abbé de La Bléterie. (Note du Trad.)
  2. C’était en quoi les Germains étaient principalement distingués des Sarmates, qui combattaient généralement à cheval.