Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/95

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son étendard. Il Introduisit au sein de la Gaule une armée de Germains. À son approche, Trèves et Langres, cités importantes, furent forcées d’embrasser sa cause. Il défit les légions, détruisit leurs camps fortifiés, et employa contre les Romains les talens et la science militaire qu’il avait acquises en servant avec eux. Lorsque enfin, après une défense opiniâtre, il fut contraint de céder à la puissance de l’empire, il assura sa liberté et celle de sa patrie par un traité honorable. Les Bataves demeurèrent en possession des îles du Rhin[1], comme alliés, et non comme sujets de la monarchie romaine.

Dissensions civiles des Germains.

II. Les Germains auraient paru bien redoutables, si toutes leurs forces réunies eussent agi dans la même direction. La totalité du pays qu’ils occupaient pouvait contenir un million de guerriers, puisque tous ceux qui étaient en âge de porter les armes désiraient de s’en servir. Mais cette indocile multitude, incapable de concevoir ou d’exécuter aucun projet tendant à la gloire nationale, se laissait entraîner par une foule d’intérêts divers et souvent contraires les uns aux autres. La Germanie renfermait plus de quarante états indépendans ; et même, dans chaque état, les différentes tribus qui le composaient ne se tenaient entre elles que par de faibles liens. Ces Bar-

  1. Ces îles étaient renfermées entre les deux anciennes branches du Rhin, telles qu’elles subsistaient avant que la face du pays eût été changée par l’art et par la nature. (Voyez Cluvier, Germ. ant., l. II, c. 30, 37).