et détruits. Les dieux nous ont ménagé jusqu’au plaisir d’être spectateurs du combat. Plus de soixante mille hommes ont péri, non sous l’effort des armes romaines, mais, ce qui est plus magnifique, pour nous servir de spectacle et d’amusement. Si les peuples étrangers ne peuvent se résoudre à nous aimer, puissent-ils du moins se haïr toujours ! Dans cet état de grandeur[1] où les destins de Rome nous ont élevés, la fortune n’a plus rien à faire que de livrer nos ennemis à leurs propres dissensions[2]. » Ces sentimens, moins dignes de l’humanité que du patriotisme de Tacite, expriment les maximes invariables de la politique de ses concitoyens. En combattant les Barbares, une victoire n’aurait été ni utile ni glorieuse ; il paraissait bien plus sûr de les diviser. Les trésors et les négociations de Rome pénétrèrent dans le cœur de la Germanie, et les empereurs employèrent avec dignité toutes sortes de moyens pour séduire ceux de ces peuples dont leur situation, sur les bords du Rhin ou du Danube, pouvait rendre l’amitié aussi avantageuse, que leur inimitié eût été incommode. On flattait la vanité des principaux chefs
- ↑ On lit communément urgentibus ; mais le bon sens, Juste-Lipse et quelques manuscrits, se déclarent pour vergentibus.
- ↑ Tacite, Germ., 33. Le dévot abbé de La Bléterie, très-irrité contre Tacite, rappelle ici le diable, qui fut homicide dès le commencement, etc.
dans le quatrième et dans le cinquième siècle, comme d’une tribu de Francs. Voyez Cluvier, Germ. ant., l. III, c. 13.