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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/101

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s’établit point sans quelques efforts d’un côté, et de l’autre sans quelque résistance. En plusieurs endroits, le bas clergé, animé par le zèle ou par l’intérêt, soutint avec chaleur la constitution démocratique ; mais son patriotisme reçut les dénominations odieuses de faction et de schisme, et l’autorité épiscopale acquit de rapides accroissemens par les travaux de plusieurs prélats actifs, qui, semblables à saint Cyprien de Carthage, savaient concilier les artifices de l’homme d’état le plus ambitieux, avec les vertus chrétiennes les mieux adaptées au caractère d’un saint et d’un martyr[1].

Prééminence des églises métropolitaines.

Les mêmes causes qui avaient d’abord détruit l’égalité entre les prêtres, introduisirent parmi les évêques une prééminence de rang, et de là une supériorité de juridiction. Toutes les fois que, dans le printemps et dans l’automne, ils se trouvaient rassemblés au synode provincial, la différence de réputation et de mérite personnel se faisait sensiblement remarquer parmi les membres du concile. L’éloquence et la sagesse d’un petit nombre gouvernaient alors toute la multitude ; mais l’ordre des délibérations demandait une distinction plus régulière et moins odieuse à l’amour-propre. L’office de président perpétuel

  1. Si Novatus, Felicissimus, etc. que l’évêque de Carthage chassa de son Église, n’étaient point les plus détestables des scélérats, il faut que le zèle de saint Cyprien l’ait emporté quelquefois sur sa véracité. On voit une relation très-exacte de ces querelles obscures dans Mosheim, p. 497-512.