Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/107

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stitution généreuse, qui, entre des mains moins pures que celles des apôtres, aurait été bientôt corrompue, et exposée aux abus que pouvait amener le retour de cet intérêt personnel inhérent au cœur de l’homme. On permit aux nouveaux convertis de garder leur patrimoine, de recevoir les legs et les héritages, et d’augmenter leurs biens particuliers par toutes les voies légitimes du commerce et de l’industrie. Au lieu d’un sacrifice absolu, les ministres de l’Évangile acceptèrent un tribut modéré ; et dans les assemblées qui se tenaient toutes les semaines ou tous les mois, chaque fidèle, selon les besoins du moment, et selon la mesure de ses richesses et de sa piété, remettait volontairement son offrande dans le trésor de la congrégation[1]. On ne refusait aucun présent, quelque peu considérable qu’il fût ; mais on enseignait avec soin que dans l’article des dîmes la loi de Moïse n’avait pas cessé d’être d’obligation divine, et que, puisque sous une discipline moins parfaite, les Juifs avaient reçu ordre de donner la dixième partie de tout ce qu’ils possédaient, il convenait aux disciples de Jésus-Christ de se distinguer par une plus grande libéralité[2], et d’acquérir

  1. Saint Justin martyr, Apolog. major., c. 89 ; Tertullien, Apologet., c. 39.
  2. Saint Irénée, advers. hæres., l. IV, c. 27, 34 ; Origène, In num. hom., II ; saint Cyprien, De unitat. Eccles. constit. apostol., l. II, c. 34, 35, avec les notes de Cotelier. Les constitutions ecclésiastiques établissent ce précepte comme de droit divin, en déclarant que les prêtres sont