Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/114

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cédant à la force, s’étaient souillés, après leur baptême, par quelque acte de culte rendu aux idoles. L’excommunication influait sur le temporel aussi-bien que sur le spirituel. Le chrétien qui l’avait encourue était privé de toute portion dans la distribution des offrandes. Il voyait se briser tous les liens de l’amitié religieuse et particulière. Les personnes qu’il estimait le plus, et dont il avait été le plus tendrement aimé, ne l’envisageaient qu’avec horreur comme un être souillé ; et son exclusion d’une société respectable, en imprimant à sa réputation une espèce de flétrissure, le désignait à tout le genre humain comme un objet d’aversion et de méfiance. Quelque triste, quelque pénible que la situation de ces malheureux exilés pût être en elle-même, leurs appréhensions, comme il est assez ordinaire, surpassaient de bien loin leurs souffrances. Les avantages de la communion chrétienne étaient ceux de la vie éternelle ; et les excommuniés ne pouvaient effacer de leur esprit l’idée terrible que ces gouverneurs ecclésiastiques, qui avaient prononcé leur sentence de condamnation, avaient reçu des mains de la Divinité les clefs de l’enfer et du paradis. Les hérétiques, soutenus peut-être par la conscience de leurs intentions et par l’espérance flatteuse qu’ils avaient seuls découvert le véritable chemin du salut, s’efforçaient, il est vrai, de recouvrer dans leurs assemblées séparées, ces avantages spirituels et temporels qu’ils ne retiraient plus de la grande société des chrétiens ; mais tous ceux qui n’avaient succombé qu’avec peine