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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/132

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çurent la nouvelle doctrine avec froideur et avec répugnance : du temps même d’Origène, il était rare de trouver un Égyptien qui eût surmonté ses anciens préjugés en faveur des animaux sacrés de sa patrie[1]. À la vérité, dès que le christianisme monta sur le trône, le zèle de ces barbares obéit à l’impulsion dominante. Les villes de l’Égypte furent remplies d’évêques, et les déserts de la Thébaïde peuplés d’ermites.

À Rome.

Les étrangers et les habitans des provinces affluaient sans cesse dans la vaste enceinte de Rome. Tout ce qui était singulier ou odieux, coupable ou suspect, pouvait espérer, à la faveur de l’obscurité qu’on trouve aisément dans une immense capitale, d’éluder la vigilance des lois. Dans ce concours perpétuel de tant de nations, un ministre de la vérité ou du mensonge, le fondateur d’une association criminelle ou d’une société vertueuse, trouvait facilement les moyens d’augmenter le nombre de ses disciples ou de ses complices. Selon Tacite, les chrétiens de Rome, lors de la persécution momentanée de Néron, composaient déjà une très-grande multitude[2] ; et le langage de ce grand historien est presque semblable à celui de Tite-Live, quand celui-ci rapporte l’introduction et l’abolition des cérémonies de Bacchus. Lorsque les bacchanales eurent réveillé

  1. Origène, contra Celsum, l. I, p. 40.
  2. Ingens multitudo : telle est l’expression de Tacite, XV, 44.